Lunaphore, c'est d'abord le projet de doctorat de Ata Tuna Ciftlik, fondateur et CEO. Son postulat/idée : développer un outil capable d’analyser les tissus biologiques de manière plus innovante que les technologies existantes, à l’aide de marqueurs qui agiront comme des signaux pour la détection de maladies comme le cancer par exemple.
En 2014, le projet de doctorat se transforme en projet entrepreneurial et obtient un prêt Tech Seed de la FIT. Le pitch initial: un instrument à destination des laboratoires notamment, qui va donc venir "colorer" les tissus pour révéler des marqueurs différents, de manière plus rapide et efficace. "Pour nous, ce prêt fut crucial. Au stade très embryonnaire d'un projet, il est en effet très compliqué d'obtenir des soutiens financiers. Or, c'est précisément à ce stade que tout est à faire, et que donc les coûts peuvent rapidement grimper" explique Déborah Heintze, co-fondatrice. Des coûts notamment de "test & learn", très nombreux dans un projet du type de Lunaphore où l'innovation sert le domaine médical.
Tester, et penser "grand" dès le début
Débute alors une longue phase de prototypages, basés sur la technologie dite microfluidique.
Après de nombreuses itérations visant à évaluer la robustesse du dispositif, ainsi qu'une phase d'industrialisation pour cibler les matériaux à utiliser, c'est en 2019 qu'est né le premier produit commercialisé par Lunaphore. "Nous avions aussi la problématique de la production, car nos instruments sont pensés pour une utilisation à très grande échelle. Comment "scaler" s'est donc aussi imposée comme une question cruciale lorsque nous nous sommes penchés sur l'industrialisation".
Le pouvoir de révélation d'un seul échantillon
En 2022, le produit phare de l'entreprise voyait le jour, basé sur la même approche mais en allant encore plus loin. L'objectif : amener plusieurs dizaines de marqueurs par la coloration d'un échantillon afin d'aller plus loin dans la recherche de possibles maladies, notamment dans le domaine de l'oncologie. Un "multiplexage" qui sera révélé par Lunaphore grâce à un microscope une fois l'échantillon prélevé et coloré. "J'aime bien faire l'analogie avec Google Maps : en plus de savoir que vous avez par exemple 500 maisons dans un village, elles apparaissent sur votre carte, vous pouvez savoir à quelle distance elles se situent les unes des autres, et quel est le meilleur chemin à emprunter pour rejoindre le meilleur restaurant de la ville. Via notre instrument, nous sommes capables de comprendre une multitude de choses sur un même contexte, en faisant une seule recherche, chaque marqueur étant une pièce d’information supplémentaire". Une seule recherche qui représente aussi un atout énorme pour les patients, non soumis à des échantillonnages multiples et par définition invasifs.
Depuis 2015, des levées de fond diverses et des investisseurs ont permis à l'entreprise de continuer son développement, avec l'objectif de placer un maximum d'instruments sur le marché tout en restant compétitifs.
Sans jamais s'arrêter d'innover.